Lectures d'été

 

Quelques lectures d’été et quelques réflexions dans le plus grand désordre.

Je relis ces jours-ci Émergences, résurgences, un ouvrage du poète Henri Michaux dont la voix m’accompagne depuis mes années d’étude. L’édition de poche dans laquelle je parcourais cette œuvre, à pied ou en bus, entre la gare de Bécon-les-Bruyères et le centre-ville d’Asnières où je résidais alors, était illustrée de peintures et de dessins dont je ne saisissais pas le sens. En dehors de leur figuralité propre – des lignes brisées esquissées à l’encre de Chine, par exemple –, que figuraient ces œuvres ? Quelle était l’intention ?

Ces questions, en un sens, sont assez similaires à cette interrogation-ci : ce que Freud écrit dans L’homme Moïse, est-ce que c’est vrai ?

Sens, vérité, inquiétude : qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça dit ? Que faut-il en penser ?

Parvenu à ce point, nous éprouvons sans doute le besoin d’un « déconditionnement », celui-là même, peut-être, qu’évoque explicitement Michaux.

– Nous qui ?

Que faut-il être devenu, que faut-il être tout court, pour ressentir ce déconditionnement ?

Je relis aujourd’hui cet ouvrage d’une oreille un peu plus aguerrie : ne cherchant plus à deviner du sens, il me semble en saisir un tout petit peu mieux l’esprit.

J’y rencontre un écho de préoccupations plus personnelles que des pensées à proprement parler philosophiques : certains de mes essais en peinture, depuis le mois d’avril de cette année, se tiennent très près de cet effort pour rendre quelque chose d’une démarche d’invention (mais chacun y trouvera sa propre résonance) : voyez ce que Michaux écrit de son rapport à la peinture, en particulier, et de cette figuralité si atypique, si caractéristique, si singulière, qu’il peut soutenir précisément parce qu’elle prolonge des expériences vécues personnellement.

 
 

Ci-dessus : un aperçu d’une série en cours, Minimums, et une carte conceptuelle réalisée avec Tinderbox.

Je reprends également des lectures plus techniques :

1. Deux ouvrages de Karl Popper auxquels je ne cesse de revenir, La logique de la découverte scientifique et La quête inachevée.

2. Le Vocabulaire technique et analytique de l’épistémologie de Robert Nadeau dont je m’efforce de mettre en cartes toutes les questions que suscite sa lecture : cartes, fiches, notes de lecture.

– Prépares-tu quelque chose ?

Dans cet effort pour tout comprendre et pour tout embrasser, pour que ce tout ne soit pas vain, je reprends la lecture d’un recueil de textes de Maître Dogen, Le trésor du Zen.

– Donc ? L’été sera studieux ?

 
lecturesDominique Renauld