Relire Michaux
L’hiver aidant, je me replonge, chaudement vêtu, dans des lectures pour moi déjà anciennes. Je relis Poteaux d’angle — c’est cyclique — et j’y trouve tout mon soûl. Ainsi, à la page 20 de l’édition originale, quelques mots dont la profondeur d’expérience me laisse (à nouveau) sans voix : que ressens-tu qui n’appartienne (peut-être) qu’à toi ? Et sur cela, que peux-tu édifier ?
Il y a vingt ans, dans l’un des numéros de la série d’émissions intitulée Une vie, une œuvre, France-Culture proposa un portrait de Michaux à partir d’anecdotes empruntées à certains de ses amis, eux-mêmes poètes. Je me souviens, en particulier, d’un récit d’expérience avec lequel débute cette émission : comment un étudiant découvrit l’œuvre d’Henri Michaux en lisant celle-ci lentement, toute une journée. Je ne saurais dire si les archives en ligne de la radio publique donnent accès, aujourd’hui, à cette évocation. Au gré de mes recherches sur le net, dans le souci de revivre l’expérience de cette découverte, j’en ai du moins trouvé la trace, heureux de constater que l’enregistrement de cette émission ne dément pas mon souvenir : il faut relire Henri Michaux lentement, toute une journée.